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C'est une personne qui vient des nuits laborieuses parisiennes.
Mais surtout d'un paradis lointain. Quitté il y a bien longtemps. Une
vie d'efforts en pénible décalage horaire à attendre le retour au pays.
Mais la cinquantaine vient de tomber. La personne réalise alors très nettement
qu'elle n'aura jamais un sou d'avance... Que ses enfants sont les
éléments étranges du monde gris qu'elle n'a jamais voulu regarder... Et il est
clair qu'il ne se trouve plus personne pour l'attendre là-bas.
Une vie d'exil et d'efforts, à se voiler la face sur fond de mal
du pays. Trente ans à ramer dans une mauvaise direction : c'est un
peu le deuil d'une vie qui est soudain à faire.
Je ne sais pas comment l'histoire se poursuit. J'ai
simplement croisé une telle personne à un tel moment.
Au-delà du tableau, une fable se devant d'édicter une loi, je
vais mettre plein zoom décentré sur ce principe bien connu des
manipulateurs de tous poils : l'étiquette "provisoire" sert seulement à
faire supporter l'inacceptable. Ce qui ne veut pas dire qu'un changement
est réellement prévu. C'est visiblement aussi valable dans notre
« propre maison ».
100 % souvenirs anciens. Et 100 % conforme. Je ne crois pas que ma
mémoire progresse, mais je parviens de mieux en mieux à reconstituer
les visages à partir du peu d'éléments à ma disposition. Je ne cherche
plus à restaurer un visage globalement. Mais je pioche des petits
détails que je sais maintenant plus précisément exploiter. Construire un mur n'est pas pouvoir soulever des tonnes
de pierre et maîtriser mentalement la globalité du projet architectural
à tout moment. C'est uniquement savoir choisir une pierre et la placer
dans le sens de la progression de l'édifice. Et recommencer.
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