Premier regard, encore
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Acrylique sur toile 54 x 65cm |
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C'était un sommet de prime abord inaccessible. Ma conscience n'avait
concrètement plus accès à rien dans cette scène qui date de la cour
d'école.
Mais voilà, je n'oublie pas que la mémoire est orientée
reconnaissance et non pas restitution et j'utilise de petits
stratagèmes. En optant pour des techniques où l'habitude des gestes ne
fait pas barrage, en multipliant les semi-accidents autant que
nécessaire... le merveilleux instant du passé presque oublié, se fraye un chemin jusqu'à mes yeux esbaudis !
Plus naturelle, plus authentique, j'ai une image à poser en face
de l'entité mémoire. Pas quelque chose du même ordre, mais une matière qui
fonctionne un peu de même : c'est une image que je ne peux
contrôler qu'indirectement, les traits suivent une
logique incompréhensible, où le néant côtoie soudain la précision la
plus fine.
Pour moi c'est agréable et pour tout dire reposant. Nul besoin
de se triturer les méninges... C'est en même temps un peu
pénible : pas de liberté gestuelle, de spontanéité, ni de
rapidité... De petits protocoles frustrants longuement répétés...
Je réemploierai donc cette technique, mais je ne me vois pas faire que cela
jour après jour... Bref, j'ai vraiment hâte de recommencer, mais j'ai
aussi déjà un peu la flemme...
Enfin je suis tout surpris par cette vielle image sortie de ma
mémoire. Cela dépasse de très loin mon souvenir apparent. Mais c'est
indéniablement bien ce souvenir, qui me fait face.
Avec cette image, j'ai clairement dépassé le cap de ce que je
croyais possible dans mon entreprise de "peinture de la mémoire". Et ce
n'est pas du tout comme je l'avais cru, avec efforts soutenus et clarté
de vision accrue... Non, c'est là sans forcer. Cela concorde intimement
et cela m'est pourtant parfaitement étranger. Cela va surtout
plus loin que prévu.
Donc : Youpi !
Je vais maintenant pouvoir tenter de retrouver des visages de
plus en plus lointains, de moins en moins connus... Des
situations pourquoi pas banales et légères ? Mon univers s'élargi enfin
naturellement des innombrables petits riens de conscience jaillissants, des personnes
croisées la veille au coin de la rue...
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